Christophe Dejours : La panne

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La panne. Repenser le travail et changer la vie. Page 175:

Au niveau individuel, la seule marge de manœuvre qui demeure est la volonté de ne pas servir, c’est-à-dire de suspendre son zèle à l’égard d’un système dont on pense qu’il est erroné et dont on voit les effets désastreux sur la qualité du travail. L’organisation fonctionne parce que certains s’employent à y collaborer, à remplir toutes ces grilles d’évaluation par exemple, et souvent même, à précéder les prescriptions. Soulignons ce trait spécifique de la résistance : elle ne consiste pas seulement à s’opposer aux ordres, elle vise les rapports avec les collègues, dont certains s’inclinent, espérant qu’ils bénéficieront par leur zèle d’une position avantageuse. La domination de la hiérarchie est classique et la subversion qu’elle appelle, habituelle. En revanche, résister à ce qu’implique la servilité des autres fait courir le risque de l’isolement.  Ceux qui savent le caractère éthiquement discutable des actes auxquels ils consentent ne supportent pas la culpabilité que le refus des autres leur renvoie. La résistance est donc pas facile, elle est dangereuse, est en outre très peu efficace tant qu’elle est solitaire.

Christophe Dejours : La panne

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