Citations quotidiennes du 22-06-2019

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Il est bien dur de savoir que quelqu’un pense à autre chose pendant que tu lui parles.

Erri De Luca (Trois chevaux, trad. Danièle Valin, p.101, Folio n°3678)

Puisque nous ne pouvons éviter d’être des pécheurs, soyons du moins de grands pécheurs.

Yasushi Inoué (Le Fusil de chasse, trad. Sadamichi Yokoö, Sanford Goldstein et Gisèle Bernier, p.69, Livre de Poche/Biblio n°3171)

Souvent le bruit public est méchant ou trompeur.
Claude Godard d’Aucourt de Saint-Just (L’Avare fastueux, acte 2, sc. 6 (Rosalban), 1806)

Personne n’éprouve de l’affection pour un individu considéré en lui-même. Une substance abstraite, indépendante de toute qualité perceptible, n’a rien de désirable pour nous. Celui qui ambitionne d’être aimé pour son être même est injuste. Il ne voit pas, pour reprendre la célèbre formule de Pascal, que « le moi est haïssable ». Seul le paraître suscite le désir. C’est peut-être regrettable. Pourtant c’est ainsi « On n’aime donc jamais personne, lit-on dans les Pensées, mais seulement des qualités. » Cela ne signifie pas que l’amour n’existe pas. Simplement, au moment où un sentiment nous porte vers l’intelligence d’une personne, ou au-devant de sa beauté, etc., ce n’est pas à la personne elle-même que nous sommes attachés. Seules les qualités périssables qu’elle manifeste constituent les objets de notre tendresse. Pourquoi le moi serait-il digne d’un amour qu’il n’est pas capable d’éprouver pour autrui ? Le moi doit se rendre à l’évidence : il est seul. Radicalement. Il est perdu au milieu du monde. Pour toujours.

Jean-Marie Frey (Le moi n’est pas maître dans sa propre maison (Freud), p.32, Pleins Feux coll. Variations, n°13)

Il faut à deux époux beaucoup d’indulgence pour se supporter en public. Chacun trouve l’autre affecté, inexact. Anecdotes et sentiments semblent déformés par le désir de plaire ou par la crainte de choquer. Un personnage public apparaît, tout différent de l’être intime et du personnage domestique. Une affection impatiente s’irrite de ce décalage et en demande compte. Un amour vrai constate, lui aussi, que les images ne coïncident pas, mais comprend, sourit et n’en aime que mieux.

André Maurois (De la conversation, p.8, Hachette, 1964)

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