François-René de Chateaubriand : Voyage en Amérique

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Si mes ouvrages me survivaient; si je devais laisser un nom, peut-être un jour, guidé par ces mémoires, le voyageur s’arrêterait un moment aux lieux que j’ai décrits. Il pourrait reconnaître le château, mais il chercherait en vain le grand mail ou le grand bois; il a été abattu: le berceau de mes songes a disparu comme ces songes. Demeuré seul debout sur son rocher, l’antique donjon semble regretter les chênes qui l’environnaient et le protégeaient contre les tempêtes. Isolé comme lui, j’ai vu comme lui tomber autour de moi la famille qui embellissait mes jours et me prêtait son abri: grâce au ciel, ma vie n’est pas bâtie sur la terre aussi solidement que les tours où j’ai passé ma jeunesse.

François-René de Chateaubriand : Voyage en Amérique

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