Il est bien rare, quand on est véritablement aimé, qu’on croie l’être autant qu’on l’est. Un enfant ne voit pas combien il occupe continuellement sa mère. Un amant ne voit pas que sa maîtresse ne voit et n’entend partout que lui. Une maîtresse ne voit pas qu’elle ne dit pas un mot, qu’elle ne fait pas un geste qui ne fasse plaisir ou peine à son amant. Si on le savait, combien on s’observerait, par pitié, par générosité, par intérêt, pour ne pas perdre le bien inestimable et incompensable d’être tendrement aimé.
Isabelle de Charrière : Lettres écrites de Lausanne
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Isabelle de Charrière : Lettres écrites de Lausanne
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