[…] un aéroport n’existe pas en soi. Ce n’est qu’un lieu de passage, un sas, une fragile façade au milieu d’une plaine, un belvédère ceint de pistes où bondissent des lapins à l’haleine chargée de kérosène, une plaque tournante infestée de courants d’air qui charrient une grande variété de corpuscules aux innombrables origines – grains de sable de tous les déserts, paillettes d’or et de mica de tous les fleuves, poussières volcaniques ou radioactives, pollens et virus, cendre de cigare et poudre de riz.
Jean Echenoz (Je m’en vais, p.10, Les Éditions de Minuit, n°17, 1999)
[…] Laisse mon pauvre chien vivre
Pour que je puisse être pleuré.
Henry Murger (La ballade du désespéré in Les nuits d’hiver, p. 179, Michel Lévy frères, 1868)
[…] Pour mieux le corriger,
Il est bon quelquefois d’affliger ce qu’on aime.
On guérit un défaut par ce défaut-là même.
Nicolas-Thomas Barthe (Les Fausses Infidélités, sc. 4 (Dorimène), 1768)
L’ordre n’est que faux ordre qui se fonde sur la contrainte.
Maurice Druon (Le pouvoir, p.37, Hachette (Notes et maximes), 1964)
Quand on est dans la vérité, il ne faut pas craindre de creuser ; on trouve toujours un bon fond; on ne saurait manquer d’être soutenu; mais, dans les choses vaines et incertaines, il est périlleux de creuser.
Jean Domat (cité dans Séances et travaux de l’Académie des sciences morales et politiques, t. 3, p.162,1843.)