L’homme projette sur une paroi de rêve les fantômes formés par son esprit ; et il appelle cela le monde extérieur. Ainsi sommes-nous éternellement prisonniers de nous-mêmes. Enfermé dans une bulle de savon lisse et résistante, chacun de nous la décore d’une fantasmagorie d’image qu’il fabrique sans fin. Il ne voit jamais que ces images. Comme elles sont en perspective, il croit sa prison ouverte sur l’infini. Illusion pure : le mur est tout près. Et, comme des figures s’y meuvent, il croit voir des humains. Illusion encore : entre ces apparences, il est seul à jamais.
Henry Bidou (Journal des débats, cité dans La Petite Illustration, 1927, p.23)
Ce n’est pas un vieillard qui doit tenter le sort.
Pierre-Jean-Baptiste Choudard, dit Desforges (Tom Jones et Fellamar, acte 1, sc. 5 (Western), 1787)
Il n’y a rien de plus dégoûtant qu’un bijou. Ça ne sert à rien, à rien. Et ceux qui les portent n’en ont pas besoin, moins besoin que n’importe qui.
Marguerite Duras (Un barrage contre le Pacifique, p.118, Livre de Poche n° 2443)
Ce qui peut arriver de pire à Dieu, c’est que l’homme ne mette plus en doute son existence. C’est aussi ce qui peut arriver de pire à l’homme.
Georges Perros (Papiers collés 1, p.72, Éd. L’Imaginaire/Gallimard n°176)
On occupe le temps, on l’étire, on le tue mais on ne le gère jamais.
Serge Bouchard (L’agenda, p.99, De la fin du mâle, de l’emballage et autres lieux communs, Éd. Boréal)